Quentin Moulard, un jeune violoniste dans le siècle

Quentin Moulard, un jeune violoniste dans le siècle

Publié le 26-08-2021

Biographie #Quentin Moulard #violoniste

Le sourire radieux, Quentin Moulard a choisi de consacrer sa vie à la musique et à la pratique du violon, son instrument de prédilection. Pour Vibrato Magazine, il livre son expérience et son parcours pour vivre de sa passion.

Une enfance baignée de musique
La musique est pour lui une seconde nature, son violon un prolongement de lui-même.

« C’était ma voie depuis que je suis enfant. Avec mon frère jumeau Antoine, nous avons développé un goût passionné pour cette activité artistique. Tout petits, nous étions attirés par les instruments de
musique, la radio, la musique dans la rue, etc. C’était tellement évident
que, grâce à nos parents adoptifs, qui ont observé cette inclination, nous
avons intégré une section d’éveil musical dans une école en Belgique, où
nous habitions à l’époque. Puis on a continué dans une école de musique
dès l’âge de 8 ans. »

   Originaires du Vietnam, Quentin et Antoine ont été adoptés à l’âge d’un an par un couple de Belges, dans le Hainaut, près de la frontière franco-belge. « Le piano a été le premier instrument que nous avons étudié et,avoue Antoine avec un éclatant sourire, mon frère était bien plus doué que moi. A 12 ans, j’abandonne le piano et me décide pour le violon. J’ai commencé en autodidacte, sans enseignement particulier, en découvrant cet instrument d’une façon tout à fait personnelle. Ce fut une vraie
révélation, une évidence. J’avais enfin trouvé mon moyen d’expression et je me suis plongé dans son étude avec enthousiasme. »

   Entre-temps, les parents des jumeaux avaient déménagé en France, dans le midi pyrénéen, où ils s’étaient établis pour vivre leur retraite au cœur d’un petit village du
Comminges. « Et c’est ainsi que je suis entré au Conservatoire de Tarbes
à l’âge de 14 ans, car j’avais besoin d’un enseignement structuré et
approfondi pour progresser aussi loin que possible. » Le propre de la jeunesse c’est de se chercher, et Quentin au bout de deux ans, décide de quitter le Conservatoire au milieu du deuxième cycle. « J’ai continué de
jouer avec des formations d’amis, de musiciens classiques, j’ai fait beaucoup de musique de chambre un peu partout, tout en continuant mes études au lycée. Et après le bac, je me suis inscrit avec mon frère en musicologie, à l’université Jean Jaurès à Toulouse, en licence Classique. »
Des rencontres qui ont été déterminantes.
La vie d’étudiant dans la métropole toulousaine est un tourbillon pour
Quentin, entre l’effervescence des rencontres musicales et le brassage de
jeunes gens animés de la même passion : « On jouait, on discutait, on débattait, c’était une nouvelle vie exaltante et pleine de promesses. »

   C’est à ce moment qu’il intègre l’orchestre symphonique amateur Opus 31.
Forte de 70 instrumentistes, cette formation, créée en 2009 et dirigée par
Guilhem Boisson, aborde un répertoire éclectique et se produit dans la
région Toulousaine. « On a interprété la messe en ut de Mozart, le concerto n° 2 de Rachmaninov, de nombreuses pièces du grand répertoire classique, et depuis peu nous travaillons aussi des musiques de jeu vidéo et des musiques de films, c’est dire si l’éventail est large et atypique. C’est un vrai bonheur. »

   A la fin de sa licence, Quentin et Antoine se lient d’amitié avec Agnès
Cotteret, professeur agrégée capée en harmonie, solfège, composition, pianiste concertiste couronnée. « Cette rencontre fut une chance pour nous, un formidable tremplin de progression et d’enrichissement à la fois éducatif et humain. Nous nous produisons en concert avec elle souvent et
on a fondé l’ensemble Concertanti avec quelques amis musiciens. »
Avec cette formation à géométrie variable, le violoniste toulousain se produit
dans des festivités et des événements privés, juste pour le plaisir.

   Dans son appartement de Croix Daurade, qui donne sur les derniers champs de Toulouse, Quentin, toujours en quête de connaissance, décide d’entamer un master Recherche en opéra. A ce moment, par le plus pur des hasards, il rencontre Maître Miroslav, professeur virtuose du violon.
Ancien violoniste de l'Orchestre du Capitole, ce concertiste de renom international diffuse sa technique selon la pédagogie de l'école Russe.
   Miroslav, qui se consacre désormais à sa carrière solo et à l’enseignement, fait partie des rares violonistes qui jouent plus de la moitié des Caprices de Paganini. « C’est dire la chance que j’ai de le côtoyer. Je prends des cours particuliers avec lui depuis trois ans et son approche de la technique
inspirée de l’école Russe est complètement différente de celle de l’école Franco-Belge. Et l’on peut dire que le violon relie les hommes puisque c’est en apercevant mon étui à violon que j’avais sur le dos, dans une rue de Toulouse, qu’il m’a parlé et que nous avons lié connaissance. Grâce à
lui j’ai découvert qu’en je ne savais pas réellement jouer du violon et il m’a fait incroyablement progresser. »

   La musique peut nourrir son homme
« Les parcours des musiciens ne sont pas identiques mais tous voudraient vivre de leur art. L’époque n’est pas tendre pour qui veut en faire son métier, et gagner sa vie en jouant de son instrument est une partition ardue. La société du tout numérique n’aide pas et l’individualisme progresse. Or la musique est censée fédérer des liens, rapprocher les êtres, créer des ponts entre les strates de la société, et en cela elle est essentielle, la culture est essentielle. Dans l’acception première du mot, elle est notre essence-même. »

   Semi-professionnel dans ce milieu, depuis un an Quentin est professeur
d’éducation musicale à l’Education Nationale, effectuant des remplacements
dans des établissements scolaires sur Toulouse et la périphérie. « C’est une
chance d’avoir une sécurité financière. Avec les cours particuliers de violons le
mercredi après-midi, les répétitions et concerts le week-end, mes semaines sont
très chargées (rire)

   Le secteur de la culture a été violemment impacté par la crise sanitaire, et Quentin a vu lui aussi ses dates de concert réduites à la portion congrue. « On reprend progressivement. De toute manière, mon violon, mon archet et moi sommes inséparables, ils sont toujours avec moi, comme une émanation de moi- même. J’en confie la réparation et l’entretien uniquement à l’atelier de lutherie
Carbonare de Toulouse, rue Clémence Isaure. Jouer du violon demande
beaucoup de travail, comme toute pratique d’un instrument quel qu’il soit. Mais le jeu en vaut la chandelle. Quand je tiens mon instrument sous mon menton, que j’effleure les cordes de l’archet, que les sons vibrent à travers moi, j’entre dans une sphère où je me sens entier, complété. C’est un peu comme dans une relation amoureuse, certains jours en fonction de critères divers, le temps qu’il fait, l’hygrométrie, la température, ou mon humeur, ma fatigue, il y a de l’incompréhension, des difficultés, ou bien au contraire c’est l’harmonie totale.
Le jeu et le ressenti seront différents à ces moments donnés mais on se découvre tous les jours davantage, la passion est toujours là, c’est comme une addiction. Mais le plus pur plaisir, c’est quand j’offre à chacun des auditeurs en face de moi, le cadeau de ma musique et qu’il éprouve de la joie. Ça c’est une communion magique. »

Sylvie Nicola

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