
Caracolant dans les hit-parades de la renommée, Beethoven fait partie du top ten des chouchous de la musique classique, mais il a aussi inspiré les gourous du pop art tel Andy Warhol, s’est retrouvé dans les rythmes disco, a habillé moultes publicités, sans parler de biopics dans les salles obscures et mille autres emprunts identifiés dans les chansons populaires. C’est ça aussi la rançon de sa gloire.
« Plaudite amici, comedia finita est », applaudissez mes amis, la comédie est terminée…C’est la phrase qu’aurait prononcée Ludwig van Beethoven sur son lit de mort, en cette funeste journée du 26 mars 1827, dans les grondements d’un violent orage. L’artisan sculpteur vient de retirer le moule du masque mortuaire du génial compositeur, les deux médecins-légistes s’avancent, prêts pour l’autopsie que le maître a lui-même réclamée avant de s’éteindre. À 57 ans, épuisé de maladies diverses, hépatite, saturnisme, rongé par un alcoolisme débridé, son corps souffreteux a cessé de résister. Mais la postérité retiendra de sa kyrielle de maux un handicap épouvantable pour un musicien, sa surdité, devenue totale aux alentours de la trentaine. Désespéré comme un Ixion éternellement châtié, il envisagea même de mettre fin à ses jours. Sa passion pour la musique fit qu’il continua pourtant jusqu’à la fin de composer les chefs-d’œuvre qui firent de lui une superstar de son vivant et pour les siècles à venir. Tout concourt à faire de Beethoven un personnage fascinant, son génie protéiforme d’ogre fécond, intimement mêlé à sa vie personnelle. Né en décembre 1770, il passe son enfance bavaroise façon Dickens, malmené par un père alcoolique -conscient des dons innés du petit Ludwig il lui inculquera à coups de taloche une solide éducation musicale -, aimé d’une mère effacée qui mourra de la tuberculose, alors qu’il a tout juste 17 ans.
Côté cœur, ses aventures furent nombreuses au long de sa vie mais il ne se maria jamais. Dans son carnet d’adresse, s’égrènent les prénoms comme les perles d’un collier, Joséphine, Thérèse, Almérie, Anna-Marie, Giuletta, une certaine Elise dont beaucoup auraient aimé qu’elle ait le téléphone…mais point de femme idéale à épouser.
C’est à Vienne à 22 ans qu’il commence sa carrière de pianiste concertiste et compose pour des mécènes fortunés. Sous la tutelle d’Haydn, grand pédagogue et découvreur de talents – mentor de Mozart, excusez du peu ! il se perfectionne dans l’art de la composition.
Au fil du temps, désespéré par sa surdité, ses œuvres évolueront, traduisant avec fougue et lyrisme son désespoir, sa douleur du bannissement du monde mais aussi le triomphe de l’héroïsme, de l’optimisme et de la foi en l’humanité. Créateur prolifique, il laisse une somme considérable de sonates, messes, concertos, symphonies dont les célébrissimes 5 ème , 6 ème dite la Pastorale, la 9 ème et son ode à la joie, et même un opéra, Fidélio. La musique de chambre atteint avec lui des sommets, avec ses 16 quatuors à cordes inspirés et vibrants, les derniers donnant lieu à des recherches d’écriture audacieuses - trop? - pour l’époque. En l’écho d’humanité qu’elle éveille au fond de l’âme réside l’universalité de sa musique. Le maître toque à notre cœur comme frappe le destin à notre porte. Pom pom pom pom…
SN
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